(« Hot Rats »)
Franck Zappa (1940-1993) est un musicien américain, chanteur et guitariste, compositeur prolifique et génial.
« Willie the Pimp » est un véritable morceau de bravoure, puisque cette composition s’étire sur plus de neuf minutes. Pour le guitariste Pierrejean Gaucher, Franck Zappa « laisse peu de place dans son jeu, et son débit assez dense entretient une énergie constante »[1]. On entend un musicien au travail, qui s’amuse en termes de placement des notes sur le rythme, qui expérimente des phrases en les faisant évoluer pour voir jusqu’où l’idée peut le mener. C’est ce qu’explique Ian Underwood : « ce que j’adorais plus que tout dans le travail avec Franck, c’est qu’il était un maître de l’improvisation. Son point de mire, ce qu’il voulait jouer et comment il voulait que ça sonne, n’avait pas vraiment changé depuis la dernière fois ou je l’avais entendu. Ses procédés, son énergie et sa technique en solo étaient pour moi constamment absorbants »[2].
Comme le souligne Franck Zappa, la réussite de cette improvisation est aussi celles des autres musiciens. A l’époque, seuls les accompagnateurs de Eric Clapton, Jeff Beck et Jimi Hendrix ont osé se livrer à ce type d’improvisation collective.
Si l’album « Hot Rats » est entré dans l’histoire, c’est aussi grâce à l’extraordinaire « Peaches en Regalia », une composition aussi mélodique qu’innovante de Franck Zappa, que l’on trouve désormais dans le Real Book, la bible des musiciens de Jazz. Au final, un chef d’œuvre grandiose accessible au plus grand nombre, qui peut être l’une des portes d’entrée à conseiller pour entrer dans l’univers complexe et magnifique de Franck Zappa. C’est « cet aspect combiné entre la performance rock, entre l’écriture orchestrale raffinée et la force du jazz électrique qui le rend révolutionnaire. Une synthèse sereine d’un style embryonnaire partout ailleurs »[3].
[1] Gaucher, P. (2018). Franck Zappa : un guitariste hors-concours. Jazzmagazine Jazzman, 706, p.56.
[2] Delbrouck, C. (2003). Franck Zappa & les mères de l’invention, p.238. Bordeaux : Le Castor Astral.
[3] Delbrouck, C. (2003). Franck Zappa & les mères de l’invention, p.234. Bordeaux : Le Castor Astral.
Les magiciens de la guitare 