1968 – Voodoo Child – Jimi Hendrix

(« Electric Ladyland »)

Si en 1967, Jimi Hendrix explose à la face du monde, 1968 est l’année de la confirmation avec un troisième album, un double, intitulé « Electric Ladyland » : « l’œuvre constitue ainsi à la fois une synthèse et un dépassement de « Are You experience » et « Axis : Bold As Love ». Le guitariste parvient en effet à trouver un équilibre exemplaire entre la grande spontanéité de morceaux enregistrés dans des conditions live et l’extrême sophistication de compositions élaborées grâce aux technologies les plus modernes pour l’époque »[1].

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L’un des sommets de ce double album est « Voodoo Chile », un blues psychédélique de 15 minutes, enregistré lors d’une jam improvisée avec Mitch Mitchell à la batterie, Steve Winwood de Traffic à l’orgue Hammond B3, et Jack Casady du Jefferson Airplane à la basse. Il s’agit « d’une visite guidée chronologique à travers les styles du blues, depuis les plus anciens enregistrements du Delta, en passant par les expériences électriques de Muddy Waters à Chicago et de John Lee Hooker à Detroit, puis le swing de BB King et les eructations cosmiques de John Coltrane jusqu’au bruitisme free »[2].

Complete Guide to Jimi Hendrix 'Voodoo Child (Slight Return)' | Articles @  Ultimate-Guitar.Com

La magie vient aussi et surtout de l’interaction avec Steve Winwood, comme l’explique le guitariste de jazz Larry Coryell qui figurait parmi les musiciens assistant à la session : « le flux d’énergie allait de l’un à l’autre. J’aurais bien voulu entrer là-dedans et jouer avec Jimi, mais il disait déjà tout, et un autre guitariste n’aurait fait qu’entraver son chemin »[2]. Mitch Mitchell prend lui aussi un solo, accompagné par la guitare et l’orgue, sans véritable structure sous-jacente comme dans le free jazz : « pour ce qui est des longues parties instrumentales, « Voodoo Chile » constitue un exemple saisissant de création spontanée, d’autant plus remarquable que l’inspiration des musiciens ne retombe jamais. (…) Agissant de la sorte, Hendrix se comporte plus comme un producteur de jazz que de musique pop »[4].

Electric Ladyland: And the Gods Made Love

Les autres sommets de « Electric Ladyland » sont évidemment « Voodoo Child (Slight Return) », véritable leçon d’utilisation de la pédale wha-wha dans un contexte rock, et la reprise du « All Along The Watchtower » de Bob Dylan, dans une version qui transcende l’originale, notamment grâce aux interventions guitaristiques de Jimi Hendrix.

[1] Cansellier, R. (2010). Jimi Hendrix : le rêve inachevé, p.78. Gémenos : Le Mot et le Reste.

[2] Shaar Murray, C. (1993). Jimi Hendrix : vie et légende, p.233. Paris : Seuil.

[3] Cansellier, R. (2010). Jimi Hendrix : le rêve inachevé, p.99. Gémenos : Le Mot et le Reste.

[4] Cité dans Cansellier, R. (2010). Jimi Hendrix : le rêve inachevé, p.90. Gémenos : Le Mot et le Reste.

[5] Cansellier, R. (2010). Jimi Hendrix : le rêve inachevé, p.98. Gémenos : Le Mot et le Reste.


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