1953 – Nuages – Django Reinhardt

(« Retrospective », 1934-1953)

Au début du XXème siècle, Django Reinhardt (1910-1953) révolutionne la guitare, jusqu’à faire dire à Pat Metheny que « personne, jusqu’aujourd’hui, ne s’est emparé de cet instrument avec un tel contrôle et une telle maîtrise, surtout du point de vue du son »[1]. Plus précisément, Django Reinhardt donne naissance au jazz manouche, un style possédant plusieurs caractéristiques : « lyrisme et expressionnisme puissants ; abondance d’ornements et de procédés dialectiques tels que chromatismes, arabesque, glissando, portamento ; attaque puissante ; son ample, vibrato appuyé ; haute virtuosité »[2].

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Obstiné, il s’entraîne sans relâche et parvient à maitriser une technique virtuose malgré son handicap, ce qui étonne jusqu’à George Benson : « même le grand Charlie Christian n’avait pas autant de facilité que Django à la guitare. Et quand j’ai réalisé qu’en plus il ne faisait ça qu’avec deux doigts, alors là… Il est allé bien au-delà de ce que jouaient des guitaristes qui avaient tous leurs doigts ! »[3].

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« Nuages » devient un standard du jazz repris par tous les guitaristes manouches (Rosenberg Trio, Angelo Debarre, Bireli Lagrene…), mais également au-delà. En effet, comme le souligne Bireli Lagrene, « nombre de guitaristes de rock ne jurent que par lui [Django Reinhardt]. On peut jouer certaines choses de lui, les plus simples notamment, mais les vraies choses qu’ils jouaient sont injouables. Django, c’était plus qu’un guitariste, c’était un musicien tout court »[5].

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Considéré comme l’un des guitaristes de jazz les plus influents, Django Reinhardt a donc un immense impact. Selon le guitariste manouche Elios Ferré, « il a marqué son temps comme Charlie Parker, Dizzy Gillespie et John Coltrane. Il est intemporel, il ouvre des chemins. (…) Il va constamment de l’avant. Le mot Jazz est presque réducteur. C’était un libre penseur. Et c’est ça son principal message. Django, ce n’est pas un héritage, c’est une philosophie »[6].


[1] Entretien avec Pat Metheny. Jazzmagazine (2020), 725, p.35.

[2] Oberg, C. (2006). La galaxie Django. Jazzmagazine, 575, p.14.

[3] Entretien avec Pat Metheny. Jazzmagazine (2020), 725, p.40.

[4] Médioni, F. (2017). Sounds of Surprise : le jazz en 100 Disques, p.67. Guémenos : Le Mot et le Reste.

[5] Entretien avec Pat Metheny (2020). Jazzmagazine, 725, p.39.

[6] Grosman, R. (2012). Django ? Un libre penseur ! Jazz News, 16, p.52.

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